Journée mondiale de l’innovation et de la créativité : Brice JOHN AHYEE donne les clés pour le développement durable du Bénin

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La communauté internationale a célébré le lundi 21 avril 2025 la journée mondiale de la créativité et de l’innovation. En vue d’en apprendre un peu plus, notre rédaction s’est approchée d’un expert. Brice JOHN AHYEE est Directeur du cabinet Change, consultant en Marketing Management et Développement entrepreneurial, engagé dans l’accompagnement des entreprises, des porteurs de projets et des institutions dans leur transformation à l’ère de l’intelligence artificielle et de l’économie numérique. Il intervient également comme formateur et conférencier sur les questions de performance, de croissance et de développement durable en Afrique.


L’investisseur : Que peut-on entendre par innovation et créativité ?

Brice JOHN AHYEE : La créativité, c’est la capacité à imaginer en pensant autrement afin de sortir des cadres établis et des sentiers battus. Elle précède l’invention. Quant à l’innovation, c’est cette capacité à imaginer pour améliorer un produit existant afin de générer de la valeur, qu’elle soit sociale, économique, environnementale ou technologique.

Quelle est le rôle de l’innovation, de la créativité dans le développement socioéconomique, la construction d’une société durable et la promotion de tous les aspects du développement humain ?

Elles sont aujourd’hui plus qu’indispensables dans une société en perpétuelle mutation. L’innovation favorise le développement socioéconomique de nos états en apportant des réponses concrètes à la mauvaise gestion des ressources, à la performance des systèmes, au développement de compétences, à l’amélioration des conditions de vie et de travail, favorise l’inclusion et la création de réseaux de développement.  En la combinant à la créativité, nous apportons des solutions nouvelles et adaptées aux défis sociaux, éducatifs, sanitaires et environnementaux, contribuant ainsi à une société plus durable et résiliente.

Le manque de créativité, d’innovation peut-il constituer une raison du sous-développement de l’Afrique ?

Oui, en partie. Le sous-développement n’est pas seulement une question de ressources, mais aussi de capacités à laisser s’exprimer sa créativité pour offrir des solutions au besoin du monde. Nos états doivent créer des pôles de créativité et d’innovation où l’accès à la technologie et à la recherche permettront d’apporter des solutions africaines aux problèmes africains, voire les pays en voie de développement.

Le thème de la célébration de l’édition 2025 est ‘’Sortir et innover’’. Quels sont les domaines ou secteurs dans lesquels l’Afrique a besoin de plus d’innovations ?

Je dirais dans presque tous les domaines. Comme l’exprime notre vision, le présent dans les pays développés est notre futur. Mais aussi notre opportunité pour améliorer ce qu’ils ont créé et offrir mieux. Mais l’agriculture, l’éducation, la santé, les énergies renouvelables, la finance inclusive, la gouvernance et les technologies numériques sont des secteurs prioritaires. Ces domaines ont un fort potentiel d’impact si on y injecte des solutions novatrices adaptées aux réalités locales.

L’Afrique tient-elle la cadence en matière d’innovation ?

Une émergence se lit au travers des hubs technologiques, de start-ups, et d’initiatives porteuses de la jeunesse. Elle tiendra mieux la cadence avec de meilleures infrastructures, des accès plus aisés au financement et la promotion de la culture de la recherche.

Que faut-il faire pour promouvoir l’innovation et la créativité au Bénin et en Afrique ?

Je commence d’abord par encourager le gouvernement actuel pour le travail louable dans l’éducation et le développement des pôles d’innovation et de technologie tel que Sèmé City. Nous devons investir massivement dans l’éducation orientée vers la pensée critique et la résolution de problèmes, renforcer les écosystèmes d’innovation (incubateurs, financements, partenariats), et promouvoir nos inventeurs et leur offrir des espaces plus grands d’expression en collaboration avec le secteur privé. Nous devons créer des laboratoires de recherches performantes dans les domaines suivantes : l’agriculture, l’éducation, la santé, les énergies renouvelables, la finance inclusive, la gouvernance et les technologies numériques.

Toute innovation ou création est-elle bonne ou produit-elle de bons résultats ?

Non. Une innovation peut être technologiquement brillante, mais socialement nuisible ou écologiquement destructrice. Toute innovation doit être évaluée selon ses effets à court et long terme, sur l’homme, la société et l’environnement.

Quels sont les principes qui doivent guider une innovation ou création pour qu’elle soit au service du développement durable ?

Elle doit être inclusive, éthique, éco-responsable, accessible et alignée sur les objectifs de développement durable. L’innovation doit être un outil de transformation positive, pas seulement un vecteur de profit.

Les jeunes béninois et africains ont des compétences et des idées mais n’arrivent pas à leur donner vie faute de financements. Quelle est la part de responsabilité des gouvernants dans cette fatalité ?

Les gouvernants ont une responsabilité directe : ils doivent créer un environnement propice à l’émergence des talents par des politiques incitatives, des fonds dédiés, des cadres juridiques flexibles et une lutte active contre la corruption dans les dispositifs de financement.

Peut-on innover en matière de gouvernance et de politique publique ? Quelles sont les précautions à prendre et comment le faire ?

Absolument. La gouvernance participative, le numérique au service de la transparence, la gestion axée sur les résultats sont autant de pistes et nous avons de beaux exemples dans notre pays depuis plusieurs années. Il faut cependant veiller à impliquer les citoyens, à tester les réformes à petite échelle, et à s’adapter aux spécificités locales.

Avez-vous une préoccupation personnelle à aborder ?

Oui. Il est urgent de considérer l’innovation non plus comme un luxe mais comme une nécessité. Il doit devenir un état d’esprit et un mode de vie. Il faut que nos systèmes éducatifs, nos politiques et nos mentalités intègrent profondément la culture de l’innovation pour que l’Afrique puisse pleinement exprimer son potentiel et construire un avenir digne pour sa jeunesse.

Interview réalisée par Nafiou OGOUCHOLA


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