Journée mondiale de l’innovation et de la créativité : Brice JOHN AHYEE donne les clés pour le développement durable du Bénin

- Btech News
- 29 Apr, 2025
La communauté internationale a célébré le lundi 21 avril 2025 la journée mondiale de la créativité et de l’innovation. En vue d’en apprendre un peu plus, notre rédaction s’est approchée d’un expert. Brice JOHN AHYEE est Directeur du cabinet Change, consultant en Marketing Management et Développement entrepreneurial, engagé dans l’accompagnement des entreprises, des porteurs de projets et des institutions dans leur transformation à l’ère de l’intelligence artificielle et de l’économie numérique. Il intervient également comme formateur et conférencier sur les questions de performance, de croissance et de développement durable en Afrique.
L’investisseur : Que
peut-on entendre par innovation et créativité ?
Brice JOHN AHYEE : La créativité, c’est la capacité à
imaginer en pensant autrement afin de sortir des cadres établis et des sentiers
battus. Elle précède l’invention. Quant à l’innovation, c’est cette capacité à
imaginer pour améliorer un produit existant afin de générer de la valeur,
qu’elle soit sociale, économique, environnementale ou technologique.
Quelle
est le rôle de l’innovation, de la créativité dans le développement
socioéconomique, la construction d’une société durable et la promotion de tous
les aspects du développement humain ?
Elles
sont aujourd’hui plus qu’indispensables dans une société en perpétuelle
mutation. L’innovation favorise le développement socioéconomique de nos états
en apportant des réponses concrètes à la mauvaise gestion des ressources, à la
performance des systèmes, au développement de compétences, à l’amélioration des
conditions de vie et de travail, favorise l’inclusion et la création de réseaux
de développement. En la combinant à la
créativité, nous apportons des solutions nouvelles et adaptées aux défis
sociaux, éducatifs, sanitaires et environnementaux, contribuant ainsi à une
société plus durable et résiliente.
Le
manque de créativité, d’innovation peut-il constituer une raison du
sous-développement de l’Afrique ?
Oui,
en partie. Le sous-développement n’est pas seulement une question de
ressources, mais aussi de capacités à laisser s’exprimer sa créativité pour
offrir des solutions au besoin du monde. Nos états doivent créer des pôles de
créativité et d’innovation où l’accès à la technologie et à la recherche
permettront d’apporter des solutions africaines aux problèmes africains, voire
les pays en voie de développement.
Le
thème de la célébration de l’édition 2025 est ‘’Sortir et innover’’. Quels sont
les domaines ou secteurs dans lesquels l’Afrique a besoin de plus d’innovations
?
Je
dirais dans presque tous les domaines. Comme l’exprime notre vision, le présent
dans les pays développés est notre futur. Mais aussi notre opportunité pour
améliorer ce qu’ils ont créé et offrir mieux. Mais l’agriculture, l’éducation,
la santé, les énergies renouvelables, la finance inclusive, la gouvernance et
les technologies numériques sont des secteurs prioritaires. Ces domaines ont un
fort potentiel d’impact si on y injecte des solutions novatrices adaptées aux
réalités locales.
L’Afrique
tient-elle la cadence en matière d’innovation ?
Une
émergence se lit au travers des hubs technologiques, de start-ups, et
d’initiatives porteuses de la jeunesse. Elle tiendra mieux la cadence avec de meilleures
infrastructures, des accès plus aisés au financement et la promotion de la
culture de la recherche.
Que
faut-il faire pour promouvoir l’innovation et la créativité au Bénin et en
Afrique ?
Je
commence d’abord par encourager le gouvernement actuel pour le travail louable
dans l’éducation et le développement des pôles d’innovation et de technologie
tel que Sèmé City. Nous devons investir massivement dans l’éducation orientée vers la
pensée critique et la résolution de problèmes, renforcer les écosystèmes
d’innovation (incubateurs, financements, partenariats), et promouvoir nos inventeurs
et leur offrir des espaces plus grands d’expression en collaboration avec le
secteur privé. Nous devons créer des laboratoires de recherches
performantes dans les domaines suivantes : l’agriculture, l’éducation, la
santé, les énergies renouvelables, la finance inclusive, la gouvernance et les
technologies numériques.
Toute
innovation ou création est-elle bonne ou produit-elle de bons résultats ?
Non.
Une innovation peut être technologiquement brillante, mais socialement nuisible
ou écologiquement destructrice. Toute innovation doit être évaluée selon ses
effets à court et long terme, sur l’homme, la société et l’environnement.
Quels
sont les principes qui doivent guider une innovation ou création pour qu’elle
soit au service du développement durable ?
Elle
doit être inclusive, éthique, éco-responsable, accessible et alignée sur les
objectifs de développement durable. L’innovation doit être un outil de
transformation positive, pas seulement un vecteur de profit.
Les
jeunes béninois et africains ont des compétences et des idées mais n’arrivent
pas à leur donner vie faute de financements. Quelle est la part de
responsabilité des gouvernants dans cette fatalité ?
Les
gouvernants ont une responsabilité directe : ils doivent créer un environnement
propice à l’émergence des talents par des politiques incitatives, des fonds
dédiés, des cadres juridiques flexibles et une lutte active contre la
corruption dans les dispositifs de financement.
Peut-on
innover en matière de gouvernance et de politique publique ? Quelles sont les
précautions à prendre et comment le faire ?
Absolument.
La gouvernance participative, le numérique au service de la transparence, la
gestion axée sur les résultats sont autant de pistes et nous avons de beaux
exemples dans notre pays depuis plusieurs années. Il faut cependant veiller à
impliquer les citoyens, à tester les réformes à petite échelle, et à s’adapter
aux spécificités locales.
Avez-vous
une préoccupation personnelle à aborder ?
Oui.
Il
est urgent de considérer l’innovation non plus comme un luxe mais comme une
nécessité. Il doit devenir un état d’esprit et un mode de vie. Il faut
que nos systèmes éducatifs, nos politiques et nos mentalités intègrent
profondément la culture de l’innovation pour que l’Afrique puisse pleinement
exprimer son potentiel et construire un avenir digne pour sa jeunesse.
Interview réalisée par Nafiou OGOUCHOLA
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