• Steffi Ayïzan
• 16 May, 2025

Les clés pour accéder aux financements, les outils nécessaires pour répondre aux exigences des bailleurs. « Il y a plein de financements… et peu de projets qui inspirent confiance ».

Le développement de l’Afrique et du Bénin passe par celui des entreprises notamment privées. Or, aujourd’hui, les entreprises béninoises font face à d’énormes difficultés pour accéder aux financements. Toutefois, pendant qu’on croit que l’accès aux financements est la plus grande difficulté, la responsable de l’entre ‘’Noblesse oblige’’ Sybile Vlavonou apporte un autre son de cloche. A travers une interview à nous accorder, elle développe son argumentaire et donne un avant-goût de son plein potentiel et surtout de tout ce qu’elle a à donner aux entreprises au Bénin et en Afrique. Il s’agira, entre autres, de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et du développement durable.

L’investisseur : Que peut gagner un travailleur béninois avec une bonne formation en RSE ?

Sybile Vlavonou : Une formation en RSE permettra au travailleur béninois de développer des compétences recherchées autant sur le plan national qu’à l’international. Oui, à l’échelle nationale, elle bien recherchée. Parce que la demande est là. Cette formation lui donne une compréhension stratégique des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). C’est un levier d’amélioration de l’employabilité et d’accès à de nouvelles opportunités dans des secteurs en pleine mutation notamment l’environnement, le social. Ainsi donc, le travailleur devient un acteur clé de la transition durable au sein de son organisation. Mieux, il est en mesure d’apporter des réponses claires quant à ses avis sur des questions liées à la RSE au sein de son organisation. Parce qu’en entreprise, la RSE est transversale. La démarche RSE est holistique. Que vous soyez comptable, à l’accueil ou à un poste de direction, le responsable RH ou RSE va prendre votre avis sur des questions liées à la RSE. Donc si vous êtes formé à la RSE, vous devenez un acteur clé de cette transition durable au sein de votre organisation.

Que gagne une entreprise à mettre en place et déployer une politique RSE ?

Déjà la RSE permet d’avoir une meilleure cohésion interne avec des collaborateurs plus engagés. Par exemple quand on met en place une charte RSE, une politique éthique dans l’entreprise, cela va améliorer l’atmosphère de travail. Ce qui a toujours des répercussions positives sur les résultats. Quand les employés passent le temps à se chercher noise cela affecte négativement le travail. Ils sont moins concentrés sur le travail et ils ne s’aident pas mutuellement. Lorsque vous avez un responsable RSE ou vous faites appel à un expert qui vous aide à mettre en place une charte éthique dans l’entreprise, il y a une meilleure cohésion interne et cela fait grimper votre chiffre d’affaires.

L’autre chose, c’est l’accès facilité aux financements verts et aux marchés internationaux. Car c’est un gage de confiance pour le partenaire technique et financier. L’entreprise gagne aussi en termes de conformité réglementaire, anticipation des risques. Le Bénin est en train d’élaborer sa politique nationale de la Responsabilité sociétale des entreprises. Donc, si vous avez déjà élaboré votre politique RSE, quand les réglementations relatives à la RSE seront en vigueur, l’entreprise n’aura plus à se tracasser.

La politique RSE permet aussi de fidéliser les clients. Cela permet de toucher les clients, les fournisseurs, les partenaires et tous ceux qui sont en contact avec l’entreprise. Par exemple dans la norme qui traite de la Responsabilité sociétale des entreprises, il y a sept questions centrales. Et dans ces questions vous avez celles relatives au consommateur. Et dans les questions relatives au consommateur vous avez les clients. Les clients valent de l’or. En mettant en place, une politique RSE, vous protégez vos clients, vous les traitez mieux et si le client est content vous le fidélisez, il va revenir et vous apporter d’autres clients.

Il y a énormément d’avantage à implémenter une politique RSE dans une organisation. Je vais quand même en citer un dernier. Une entreprise qui met en place une politique RSE gagne son image, sa réputation. Rien ne vaut la réputation. C’est elle qui permet de gagner de l’argent. C’est la réputation qui permet à quelqu’un de vous connaître, à un client de revenir vers vous et de vous recommander. L’image que l’entreprise veut véhiculer est meilleure quand vous avez une politique RSE. Dans le passé, sur le plan international, les organisations qui ne respectaient pas les règles de RSE ont eu des condamnations judiciaires, des sanctions administratives et 40% des entreprises ont refusé de communiquer sur le fait qu’elles ont été sanctionnées. Parce que leurs partenaires et clients ne les verraient plus de la même manière s’ils savent qu’ils n’ont pas une politique RSE.

Pour finir, avoir une politique RSE vous couvre car cela démontre que vous êtes soucieux de vos collaborateurs, de l’environnement, de la société, de l’Etat, de la planète.

Aujourd’hui l’accès au financement est la difficulté majeure des entreprises. Comment peut-on comprendre un financement vert ?

Je voudrais commencer par renseigner que l’accès au financement n’est pas la difficulté majeure des entreprises. Malheureusement ou heureusement je suis aussi dans la gestion des projets. Et l’accès aux financements n’est pas la difficulté majeure. La difficulté c’est comment rédiger les projets. La plupart des projets sont décousus, ne sont pas cohérents. Les financements existent. Que ce soit sur le plan national régional et international, il y a plein de financements. Mais les projets solides qui inspirent confiance, il n’y en a pas beaucoup.

Un financement vert est un appui financier accordé à des projets ou des entreprises dont les activités contribuent à la protection de l’environnement, la lutte contre le changement climatique ou à la transition énergétique. Ce financement peut prendre la forme de subvention, investissement ou de prêts ou d’appel à projets. Souvent pour y accéder, il faut prouver que son projet est bien structuré, mesurable et aligné avec des critères environnementaux clairs. C’est aussi simple que ça.  

Pourquoi beaucoup d’entreprises n’y ont pas accès ? Comment pouvez-vous les aider ?

La majorité des entreprises n’ont pas accès aux financements vert parce qu’elles ne savent pas structurer leur stratégie RSE. Beaucoup vont copier des choses sur internet, beaucoup se font former à la Youtube, à la Google et s’étonnent que leurs stratégies ne soient structurées et il y en a même qui ne comprennent pas trop ce qu’ils écrivent. Ils ne savent pas comment mesurer leur impact. Si vous demandez à quelqu’un de faire une analyse de matérialité alors qu’il n’a pas été formé pour ça ou qu’il a vu ça sur internet, comment voulez-vous qu’il vous fasse un travail conforme aux attentes des bailleurs de fonds ? En réalité beaucoup d’entreprises manquent d’outils, de méthodes et des langages que les bailleurs de fonds comprennent.

Pour remédier à cela, il faut se faire former ou se faire accompagner. C’est dans cette logique que la formation ‘’Performance durable’’ aide les dirigeants et les porteurs de projets à construire un dossier solide, crédible et aligné avec les exigences des bailleurs de fonds. En moins de trois mois, ils peuvent formuler une feuille de route, produire de bons indicateurs et mobiliser des partenaires autour d’un projet durable. Ce n’est pas parce qu’une entreprise A a utilisé un certain indicateur qu’une entreprise B va utiliser le même indicateur de la même façon. Avec la formation ‘’Performance durable’’, les dirigeants et porteurs de projets auront les outils nécessaires pour répondre aux exigences des bailleurs.

Le développement d’une entreprise nécessite de mesurer les impacts de ses actions. Comment pouvez-vous aider, entreprises ou personnes, à maîtriser le processus pour évaluer ses impacts ?

Nous formons les participants à identifier les bons indicateurs de performance environnementale, sociale et économique grâce à notre méthode en six étapes. Ils apprendront à réaliser un diagnostic, à construire une stratégie claire, à suivre leur impact à travers des tableaux de bord simples mais efficaces. Ce n’est pas la complexité qui fait la qualité dans ce cas. L’objectif est de sortir des discours vagues pour entrer dans une logique de résultats mesurables. Parce que tant que ce n’est pas mesurable, c’est de la théorie, du baratin.

Vous avez une formation dénommée ‘’Performance durable’’ qui est programmée pour bientôt. Pouvez-vous nous en parler ?

La formation dénommée ‘’Performance durable’’ que l’entreprise ‘’Noblesse oblige’’ organise est une formation pour aider les dirigeants, les décideurs et porteurs de projets à bâtir une stratégie RSE claire crédible et alignée avec les standards internationaux. Elle se déroule du 03 au 05 juillet 2025 en présentiel au Bénin et à distance pour ceux qui sont hors du pays ou ceux qui ne pourront pas se déplacer. Elle comprend six modules pratiques. Les participants acquièrent les outils pour transformer leurs intentions en actions concrètes, mesurables et finançables.

Pour beaucoup la RSE est un concept vague et ils ne savent pas par où commencer, qu’est-ce qu’il faut faire. C’est aussi le piège d’internet. Parce qu’il livre assez d’informations. Mais après, comment structurer ? Il ne suffit pas de lire quelque chose sur internet pour acquérir les aptitudes nécessaires pour l’appliquer. Donc, il faut nécessairement se faire former ou se faire accompagner par un expert du domaine.

De même, il y a des responsables RSE qui n’ont pas le temps nécessaire pour apprendre d’autres outils ou approfondir leurs connaissances. Donc cette formation est également destinée aux responsables RH, QHSE, ADF, directeur d’entreprise, directeur adjoint... Du moment où vous avez une part d’influence dans les décisions stratégiques de l’entreprise, cette formation vous concerne. Car ce sont les dirigeants, responsables d’entreprises et porteurs de projets qui déterminent la stratégie de l’organisation. La politique RSE vient se greffer à la stratégie de l’organisation. Pour finir, la formation ‘’Performance durable’’ est vraiment conçue pour ceux-ci.

Pourquoi avoir programmé cette formation ?

Beaucoup d’entreprises ont une réelle volonté de réussir, de grandir, de réaliser des performances mais manquent de cadre, de méthode et de compréhension des attentes des parties prenantes que ce soit des bailleurs ou partenaires internationaux. Nous avons conçu cette formation pour combler ce fossé et rendre la durabilité accessible, structurée et pertinente pour les réalités africaines. On ne vient pas plagier ce qu’on a appris à l’extérieur. Je suis béninoise et j’ai étudié au Bénin avant d’étudier en France. J’use autant de mes expériences acquises au Bénin qu’en France. Donc la formation est totalement adaptée et contextualisée aux réalités béninoises et africaines. Elle répond aux défis actuels mais constitue aussi une préparation à l’économie de demain.

Comment s’inscrire ?

Les participants peuvent s’inscrire via nos posts LinkedIn ou n’importe quel post numérique que nous diffusons actuellement. Ils peuvent aussi nous écrire par messagerie LinkedIn ou par notre mail qui est visible sur ma page LinkedIn ou par appel, messagerie au +229 01 49 93 76 76.

Quels sont les avantages qu’auront les participants à y prendre part ?

Le premier avantage est financier. Parce que lorsque vous faites une recherche sur les formations en termes de développement durable, RSE, ESG, c’est entre 500 et 400.000. Nous procédons actuellement au lancement de nos offres de formations. Donc nous avons un tarif forfaitaire qui est proposé aux participants. Nulle part vous ne verrez le tarif que nous proposons. C’est une aubaine car c’est un prix de lancement et dès la formation suivante cela va changer.

Le deuxième avantage c’est que les participants auront les outils nécessaires pour acquérir des financements au Bénin, en Afrique et dans le monde entier. Aucune offre de financement ne pourra leur résister parce qu’ils auront la clé pour tout rafler.

Pour finir, les participants auront un atelier sur la fresque du climat ou des déchets. Ils auront à choisir et nous allons plancher là-dessus. Il y aura également une check list de conformité RSE et un accès exclusif à un groupe de dirigeants d’entreprises qui sont dans la même dynamique pour échanger.

Avez-vous une préoccupation particulière à aborder ?

Il est urgent que les entreprises béninoises, les entreprises africaines, ne restent pas en marge des grandes mutations mondiales. La RSE n’est pas une obligation imposée de l’extérieure. Cela nous arrange tous. Et employés, et employeurs et la société et l’Etat. La RSE est puissant levier pour répondre à nos défis locaux : emplois, climats, inclusion, transparence. De plus la RSE stimule l’innovation, l’efficacité et la durabilité des modèles économiques. Ce qui est prévu dans le PAG2. Il y a des convergences stratégiques entre la Responsabilité sociétale des entreprises et le PAG2. Donc c’est complètement en phase. C’est ce que beaucoup ne comprennent pas. La bonne gouvernance tant prônée par notre président, c’est la base de la RSE. La RSE encourage la transparence, l’éthique et la redevabilité. Elle est essentielle pour la gestion durable des ressources et la protection de l’environnement. Il est temps d’agir, temps de se former, de structurer nos démarches pour bâtir une performance réellement durable. Allumons nos consciences, réveillons-nous pour vraiment prendre ce qui est à nous. Parce que nous faisons des choses. Mais nous devons profiter davantage de ce que nous faisons. Le Bénin est très avancé en terme d’ODD mais profitons-en. Et le Bénin fait partie des leaders en terme de finance verte. Donc, allons-y et soutenons-nous.

A la découverte de Noblesse oblige

‘’Noblesse oblige’’ est une entreprise béninoise dirigée par Emmanuella Sybile Vlavonou. Ce nom ‘’Noblesse oblige’’ trouve son bien-fondé dans le fait qu’il s’agit d’une entreprise axée sur développement durable et la Responsabilité sociétale des entreprises. Un engagement envers des pratiques étiques et l’obligation de contribuer positivement à la société et à l’environnement. Elle s’aligne sur les principes de RSE ESG, de responsabilité écologique soulignant l’importance et la gestion de la responsabilisation dans les opérations commerciales.

‘’Noblesse oblige’’ proposera bientôt des services d’audit, bilan carbone et en systèmes de management normes ISO 9001, 14001, 45001. A ce jour, elle offre des services en conseils publiques, en stratégies d’organisation, en développement commercial, en accompagnement des dirigeants dans la démarche qualité, conseils et formations des dirigeants et collaborateurs dans la gestion de projets, ressources humaines, le management responsable, le marketing responsable, la communication responsable et en développement durable.

Pour finir, cette entreprise propose des services de formation, audit dans le pilotage d’entreprise, les critères ESG pour les Toutes petites entreprises, les moyennes entreprises et les multinationales autant dans le privé que dans le public.

Sybile Vlavonou et les ODD : une si longue histoire…

« La RSE peut être appréhendée, en quelque sorte, comme l’application des ODD en entreprise. Quand on parle d’ODD dans un pays, souvent c’est plus axé sur les Organisations de la société civile, les ONG. On implémente les ODD dans les mairies et les mairies s’appuyent sur les ONG. Et les entreprises ? Qui s’en occupe ? Il faut bien que les ODD soient appliquées et applicables dans les entreprises. C’est là qu’intervient la RSE. Lorsque vous me demandez de vous parler de mon expérience en matière de RSE puis des ODD, je préfère sauter sur l’opportunité et expliquer que la RSE c’est l’application des ODD en entreprise. Pour faire court, c’est ça.

Ma première expérience dans les ODD remonte en 2012. Je venais de finir ma licence en communication dans une université privée et j’ai découvert à l’Université d’Abomey-Calavi où je m’étais aussi inscrite, par le truchement des camarades étudiants l’Association des volontaires du développement durable (AVD). La thématique m’a plus parce ce j’ai toujours été intéressée par tout ce qui est éthique, protection de l’environnement, tout ce qui touche à l’humain. J’ai intégré cette ONG et on a fait des sensibilisations dans le domaine du développement. C’était monsieur Vianio Kougblénou qui en était président. Nous avions participé à beaucoup de campagnes de sensibilisation. J’ai milité au sein de cette association avant de me spécialiser dans le domaine des ODD sur le plan professionnel. Parce que j’ai toujours voulu gérer des projets d’envergure nationale dans le domaine des ODD. Mais pour me sentir légitime, pour ne pas avoir le syndrome de l’imposteur un peu comme si je n’étais pas à ma place je me suis dit qu’il faut que j’aie le minimum requis pour pouvoir parler de ma passion et de ce qui m’intéresse. Pour cela, il me fallait avoir des béquilles, un diplôme en gestion des projets. Donc je me suis inscrite en master en gestion des projets et en management de la qualité. Mais ce n’était pas suffisant pour réaliser ce que j’avais envie de faire. Donc par la grâce de Dieu, je suis allée en France pour faire un master en développement durable avec la spécialité RSE. Là maintenant, je me sens totalement légitime pour gérer des projets verts, des projets en termes d’ODD, développement durable, RSE, ESG. J’ai enfin trouvé mon équivaille et je me sens innarrêtable. Parce que j’ai longtemps lutté pour être là où je suis. Je n’ai pas encore atteint le niveau que je veux mais je suis en bon chemin.

J’ai travaillé à ‘’Terre de promesse’’, une entreprise agroalimentaire française spécialisée dans l’agriculture et l’élevage biologique, en tant que chargée de mission RSE. En plus, j’ai eu à rédiger mon mémoire de master sur ‘’l’impact d’une stratégie RSE sur les performances d’une PME au Bénin’’ avant de rentrer. J’invite à le lire. Parce que quand on parle de RSE on croit que c’est construire des latrines dans un village seulement ou des actions du genre.

J’ai été sollicitée en 2024 pour rédiger un article dans une revue scientifique sur la RSE ‘’CI RSE’’ Congrès international de la RSE qui a eu lieu en 2024 à Toulouse. J’ai corédigé l’article avec Alodé Cyriaque qui est en France et du domaine de la RSE.

Au Bénin, j’ai été sollicitée pour intervenir sur des panels. J’ai ainsi coanimé une conférence à la banque Société générale avec Yacoub Bitocho, manager de RSE-Bénin, sur la biodiversité en 2024.

J’ai été sollicitée pour ‘’Les rencontres de la RSE’’ du cabinet Mido Consultants. J’ai animé la conférence inaugurale en 2024 sur le thème : la RSE, une nécessite, un devoir pour l’entreprise béninoise

J’ai organisé rn 2024, un atelier dénommé ‘’Le grand jeu de la RSE’’. C’est un peu comme la fresque du climat ou des déchets. C’est un jeu de cartes qui permet de connaître la RSE. J’ai invité monsieur Alodé pour animer l’atelier. Pour finir, j’ai rédigé un livre, un e-book pour aider les dirigeants à atteindre leurs objectifs ».

Interview réalisée par Nafiou OGOUCHOLA 

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